Si Jocelyn Philibert, au cours des années 1990, présentait des sculptures et des installations, depuis le début des années 2000, c’est par la photographie qu’il s’exprime, dans des photomontages hautement sophistiqués, de grands assemblages numériques résultant de centaines de prises de vue nocturnes, au flash, et maintenant réalisées le jour, le soleil ayant désormais remplacé la lumière artificielle.
Tout au long de son parcours de sculpteur et de photographe, des « obsessions » se profilent : la représentation du réel visible et de ses trois dimensions ; les notions de vrai et de faux ; et la part de fiction qui s’insère inévitablement dans la représentation. Malgré l’aplat du support utilisé par le photographe, qu’il s’agisse de papier, de toile ou de vinyle, avec ses paysages où trône généralement un arbre majestueux, Jocelyn Philibert continue d’interroger la matérialité et la tridimensionnalité de l’objet photographié. La sensation éprouvée devant ces paysages est forte, rappelant que le terme « paysage » évoque à la fois l’espace extérieur et sa représentation picturale. Invités à regarder ces photographies de grande dimension, nous sommes convoqués à observer quoi au juste, un paysage en trois dimenisions, ou une représentation de celui-ci sur une surface plane ? Dans cette remarquable fascination pour le « paysage », porteur d’une double signification, se condense la démarche singulière de ce sculpteur devenu photographe et son exploration savante d’une préoccupation récurrente dans l’histoire de l’art : l’enchevêtrement complexe qu’entretiennent la tridimensionnalité et la bidimensionnalité des choses, dans l’esprit humain.
Visite commentée et vernissage le samedi 9 novembre 2020 à 14 h
Jocelyn Philibert, vidéo de l’exposition Dimension lumière présentée à EXPRESSION, 2 min. © NousTV